Le discours de S. Exc. Monsieur Edward NALBANDIANMinistre des Affaires EtrangՌres de la Rռpublique d’Armռnie

24 April, 2008

Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Comme tous les ans depuis tant d’années – nous sommes réunis à la Mairie de Paris pour accomplir ensemble notre devoir de mémoire envers les victimes du génocide arménien du 1915 perpétré en Empire Ottoman.
C’est l’occasion pour moi de remercier encore une fois la municipalité de Paris, personnellement vous, Monsieur le Maire, d’avoir initié cette cérémonie de commémoration et de l’avoir rendue traditionnelle.
La commémoration de ce premier et, malheureusement, pas le dernier génocide du 20ème siècle ressort de notre responsabilité commune face aux générations futures pour que l’avenir de l’humanité ne soient plus jamais assombri par les crimes contre l’humanité, pour leur condamnation et leur prévention en conformité avec les résolutions adoptées dans le cadre de l’ONU que tant de pays ont rejointes.
L’histoire nous montre des exemples de la volonté et de la détermination des nations et des hommes d’Etat qui ont su assumer leur passé. Et ils sont sortis de cette épreuve plus grands et plus forts. Aujourd’hui, un grand hommage leur est rendu pour leur sagesse et leur courage qui ont permis leurs peuples de retrouver la dignité et ont rendu à notre planète l’espoir d’un meilleur avenir.
 Nous avons tous en notre mémoire cette image hautement symbolique de François Mitterrand et de Helmut Kohl à l’Ossuaire de Douaumont, main dans la main, se recueillant devant les tombes des soldats allemands et français victimes de trois conflits meurtriers entre 1870 et 1945. Particulièrement attentifs aux enseignements de l’Histoire, les deux dirigeants étaient conscients de leur devoir d’aider leurs peuples de surmonter les épreuves pénibles du passé pour construire ensemble un avenir en paix et en prospérité. A maintes reprises, ils ont montré leur volonté d’oeuvrer en faveur de la réconciliation entre la France et l’Allemagne, entre toutes les nations européens déchirées par tant de guerres et de haines. La construction européenne en est la meilleure illustration. Comme leurs grands prédécesseurs - Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer - ils ont gagné la reconnaissance de leurs peuples et sont entrés à jamais dans l’histoire de l’humanité.
En sachant se renaître après tant de guerres fratricides et meurtrières, en construisant pour ses peuples un destin uni et réconcilié, l’Europe a été pour toute l’humanité, une fois de plus, une source de lumière et de sagesse. Elle a montré à nous tous, le chemin qui nous mène vers la paix, la voie qui rend aux peuples leur dignité et la confiance en l’avenir.
J’espère que le jour viendra où les dirigeants arméniens et turcs se recueilliront ensemble devant les symboles de mémoire des victimes du Génocide arménien et que nos peuples, libérés du poids lourd de leurs passés, construiront ensemble un avenir meilleur.
J’espère et je le crois, car l’avenir de nos peuples n’est pas crédible sans cette  réconciliation dont la voie n’est pas celle de l’oubli, mais celle de la mémoire assumée, car ce n’est qu’en tournant ensemble la page noire de notre histoire que nous pourrons regarder notre avenir avec sérénité et confiance.
J’espère et je le crois, car je suis confiant en la sagesse de nos peuples et des hommes d’Etats de nos deux pays. L’Arménie s’est déclarée à plusieurs reprises prête à établir des relations avec la Turquie sans aucunes conditions préalables.
Je voudrais réaffirmer que l’Arménie est prête à poursuivre les initiatives dans cette direction afin de trouver des solutions reflétant les intérêts de tous les pays de la région, répondant aux aspirations de nos deux peuples voisins à vivre en paix et en prospérité. Nous espérons de la Turquie la même approche.
L'importance stratégique du Caucase du Sud est non seulement dans ses richesses naturelles, mais aussi dans sa position sur le croisement des axes importants Nord-Sud et Est-Ouest, qui ne peuvent être pleinement utilisés que si les conflits sont résolus et les relations de bon voisinage sont établies. C’est dans l’intérêt de nos pays, c’est dans l’intérêt de nos peuples. La République d'Arménie est prête à déployer tous les efforts pour rapprocher ce jour.
Monsieur le Maire,
Chers amis,
Je saisis l’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui afin de redire des mots de gratitude aux autorités françaises, au peuple français, à la France toute entière : pays ami où j’ai eu l’honneur et la fierté de représenter l’Arménie pendant presque dix ans, pays qui a écrit dans sa loi la reconnaissance du génocide arménien, pays avec lequel, durant les dernières années, les relations de l’Arménie ont marqué de véritable temps forts en atteignant le niveau le plus haut dans l’histoire séculaire de l’amitié franco-arménienne.
Je voudrais m’adresser également aux Français d’origine arménienne et de les saluer de rester aussi dévoués et aussi fidèles aux valeurs de la République Française tout en gardant cet attachement à leurs racines. Votre présence aussi nombreuse dans cette salle en est un des témoignages.
Je voudrais aussi dire ma reconnaissance aux représentants des autorités françaises nationales, régionales, départementales et municipales, aux Sénateurs, aux Députés, aux personnalités politiques, aux représentants des milieux intellectuel, artistique, culturel, médiatique et associatif, aux milliers de Français d’origine arménienne, à tous ceux dont j’ai senti le soutien durant toutes ces années.
Monsieur le Maire,
Chers amis,
Je remercie encore une fois la Mairie de Paris pour l’organisation de cette manifestation qui m’a donné l’occasion de m’exprimer dans cette salle si familière, dans cette belle Mairie qu’il est impossible d’oublier.

Merci, Paris !
Merci, France !

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