Intervention de Ararat Mirzoyan, ministre des Affaires étrangères de la République d’Arménie lors de la 43ème session de la Conférence ministérielle de la Francophonie
18 novembre, 2022Monsieur le Président,
Madame la Secrétaire générale de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président, je suis très heureux de participer à cette Conférence ministérielle dans votre beau pays et je tiens à vous remercier pour votre hospitalité.
Je voudrais aussi remercier Madame la Secrétaire générale de la Francophonie pour avoir veillé au bon fonctionnement de notre Organisation dans cette période difficile, mis en œuvre d’importantes réformes et avoir mis en perspective les chantiers qui nous attendent dans les années à venir, et des ambitions pour la Francophonie auxquels nous adhérons pleinement.
Nous voici, aujourd’hui, réunis dans un contexte de crise du multilatéralisme, avec la multiplication des conflits tous azimuts.
Nous faisons le constat que les mécanismes de sécurité collective reposant sur le respect des principes de la Charte des Nations Unies, en particulier l’égalité souveraine, le non-recours à la force contre l’intégrité territoriale de tout Etat, ne sont plus en mesure de garantir la sécurité des Etats face à la politique agressive de certains Etats.
L’Arménie en a été l’une des premières victimes lorsqu’elle subissait les agressions de l’Azerbaïdjan contre son intégrité territoriale et sa souveraineté depuis le mois de mai de l’année passée, et plus récemment les 13 et 14 septembre de cette année - avec les conséquences que l’on sait: l’occupation du territoire souverain, des centaines de victimes, des milliers de personnes déplacées et des destructions d’infrastructures civiles.
Sans oublier les très graves violations du droit international humanitaire, des atrocités innommables perpétrées par les forces armées azerbaïdjanaises à l’encontre de prisonniers arméniens, y compris des femmes soldats, qui ont horrifié le monde.
Les tensions demeurent encore aujourd’hui à notre frontière avec l’Azerbaïdjan; en dépit des engagements pris de ne pas avoir recours à la force ou à la menace de la force, le Président de ce pays continue à proférer des menaces à l’encontre des populations du Haut-Karabagh, et à afficher des prétentions territoriales infondées contre l’Arménie.
Nous nous félicitons, à cet égard, que plusieurs pays aient reconnu la violation de l’intégrité territoriale de l’Arménie et demandé le retrait des forces azerbaïdjanaises du territoire souverain de la République d’Arménie.
L’Arménie reste attachée à un règlement pacifique de toutes les questions liées au conflit, y compris celles relatives aux droits et à la sécurité des populations du Haut-Karabagh, et remercie les partenaires internationaux qui déploient des efforts pour y parvenir.
Chers collègues,
Pour revenir aux travaux de notre Conférence, l’Arménie souhaite apporter son soutien aux documents soumis à notre approbation portant sur les avant-projets de cadre stratégique de la Francophonie, de déclaration sur la langue française et de règlement relatif à la procédure d’adhésion.
Nous marquons également notre accord sur l’avant-projet de Déclaration de Djerba; nous tenons, à cet égard, à féliciter la Présidence tunisienne du Sommet d’avoir placé le numérique au centre de l’attention de nous tous.
S’agissant, enfin, de l’avant-projet de résolution sur les situations de crise dans l’espace francophone, nous souhaitons porter toute notre appréciation sur les paragraphes concernant l’Arménie ; il est important que les Etats et gouvernements membres de la Francophonie aient manifesté leur solidarité avec l’Arménie, en faisant leurs les principales questions qui conditionnent un règlement pacifique du conflit qui oppose les parties concernées.
Pour clore mon propos, je souhaite finalement revenir sur la requête émise par la Délégation de l’Albanie de rouvrir à la discussion sur les paragraphes relatif à l’Arménie, qui ne reçoit pas l’assentiment de la Délégation de l’Arménie plusieures raisons:
La première, la plus importante, est que ces paragraphes sont très équilibrés et le fruit de compromis pour lesquels l’Arménie a fourni des efforts.
La deuxième nous devons respecter les travaux du Comité, de son Président et de ses membres qui ont mené de longues discussions pour trouver des solutions acceptables par tous aux différentes questions posant des difficultés.
Ces paragraphes sont aussi l’aboutissement de ce travail. J’ajouterai, une dernière raison, celle de l’efficacité des travaux de cette Conférence; nous ne pensons pas que la Délégation de l’Albanie soit en mesure de présenter, d’après ce qu’elle a déjà énoncé, un projet des paragraphe susceptible de trouver un consensus au sein de notre Conférence; nous estimons qu’il serait contreproductif de se lancer dans de nouvelles discussions qui ne peuvent mener qu’à une impasse.
Le consensus sur les paragraphes concernant l’Arménie, nous l’avons déjà trouvé au sein du Comité de rédaction, et si la Délégation de l’Albanie éprouve certaines difficultés à l’approuver, elle peut, comme l’ont déjà fait certaines délégations sur d’autres paragraphes de l’avant-projet de résolution, exprimer une réserve sur ces paragraphes.
Je vous remercie pour votre attention․